Qu'est ce que la Fet Kaf, fête de la Liberté pour les Réunionnais?
« La Fèt Kaf, ce n’est pas
vraiment une fête nationale, mais plus une sorte d’événement identitaire
réunionnais, un peu comme la St-Jean-Baptiste au Québec », explique Pierre
Henri Aho, le vice-président de l’association des Réunionnais du Québec.
Jérôme et Paul mettent de l'ambiance pour la Fèt Kaf à Montréal, au pub St-Paul en 2011 - Crédit photo : Mathilde Mercier |
Les Réunionnais fêtent
l’abolition de l’esclavage pour « ne jamais oublier toutes ses injustices
commises et les crimes contre l'humanité, pour honorer ainsi la mémoire de nos
pères et mères morts sans sépulture, des créoles réunionnais aux racines
métissées, au sang-mêlé et cœur sans frontière, à la mémoire vivante, à la
spiritualité et à l'identité tridimensionnelle », affirme Louisa Lafable,
descendante de Réunionnais et présidente de l’association des Réunionnais du Québec qui représente 250 Réunionnais à Montréal.
« À Montréal, en 2007, nous
l'avions même célébrée sous trente centimètres de neige, dans la galerie
Haïtienne Ajoupa sur l'avenue du Parc en vibrant sous le maloya accompagné de
zambrocal et cari créole », ajoute Mme Lafable fière d’avoir organisé trois Fet Kaf à Montréal.
La place de la musique et de la
danse le jour de la Fet Kaf
La Fèt Kaf passe à travers la
musique, le maloya en particulier. Le dimanche, au lieu d’aller à l’église
comme leurs maîtres, les esclaves se retrouvaient pour danser le maloya. «
C’est une danse très vigoureuse, presque de transe, pour l’affranchissement
spirituel », explique Pierre Aho. « Les musiciens n’utilisent aucun instrument
occidental, car à l’époque on utilisait le roulèr, le kayanm, le triangle,
parfois les calebasses, le bob et les voix », ajoute M. Aho.
"Danse des Cafres." Album de la Réunion. A. Francine, A. Roussin, Juin 1863.(Collection P.H. Aho) |
« Ici en tant que musicien
Réunionnais, je m'accroche à la symbolique de cette date pour rendre hommage
aux ancêtres », confie Paul Tibère, un jeune musicien installé à Montréal. Au-delà du côté festif de la commémoration,
il voit la Fèt Kaf comme un devoir de mémoire, même s’il a du mal à accepter
cette date comme celle de la fête de la Liberté. « Il s'agit d'une “triste libération”, car ce serait en quelque sorte remercier l'esclavagiste de nous avoir libéré
», explique le jeune homme pour lequel le plus important reste « de se
rassembler et de faire vivre un nationalisme »
Mathilde Mercier
Mathilde Mercier
Le mot « Kaf » vient de kaffir qui signifie « nègre » en afrikaans. Ce n’est pas vrai, Kaffir est un mot arabe signifiant « non-croyant » donné aux Africains qui ont résisté à leur conversion à l’Islam. Historiquement, les Africains ont toujours cru que Dieu est dans la nature, Dieu n'est pas dans une église, une mosquée, une synagogue, mais dans la nature, dans les forêts, les animaux, les rivières, les montagnes. Mais les Arabes et plus tard les Européens décrivaient nos modes de vie comme sauvages et primitifs, d'où le mot Cafre, qui est très loin de notre vérité. Je sais que La Réunion a aseptisé le mot Kaf, mais dans mon pays tu iras en prison quand tu appelles quelqu'un Kaffir et donc je suis en conflit quand ma famille Kreole appelle mon fils Kaf. il aurait dû être complètement abandonné. c'est plus juste de nous appeler le marron. Khethi de Campaignafrica.org
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